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Voilà une drôle d'histoire. Une histoire que vous avez peut-être vécue, en partie, si vous êtes né avant l'an 2000.

Au quotidien lillois qui m'employait comme journaliste depuis trente ans, on m'avait demandé de donner un coup de projecteur sur le siècle – le XX° - qui allait s'achever.

Résumer cent ans en cent pages de journal, c'était mission impossible. De plus çà risquait de devenir rébarbatif. Pour la maison d'édition, attachée au journal, j'ai imaginé d'écrire un feuilleton.

Il s'agissait de mettre en scène, une famille française dont le patriarche serait né en 1900 et aurait quitté ce bas-monde, centenaire. C'est la vie de cette famille que je raconte dans ce roman – j'insiste, c'est un roman et non pas une biographie – avec ses manières de vivre, les péripéties qui émaillent son parcours, avec des rebondissements, avec des mystères aussi. Qui n'en connaît pas ?

Ce feuilleton n'est jamais paru. Vous en avez la primeur. Lancez vous dans ce récit d'un « siècle fantastique vécu par une famille formidable ».

Les bienfaits de l'huile de foie de morue

Jour après jour, disparaissent les témoins oculaires du début de ce siècle. Ceux qui ont connu les pétarades des premières automobiles à bandages pleins. Ceux qui vivaient dans des maisons éclairées à la lampe à pétrole. Ceux qui marchaient dans les rues de villes piquetées de becs de gaz. Ceux qui écoutaient la rumeur du monde dans les crachotements des postes à galène, ancêtre de la vénérable T.S.F., et qui couraient voir voler des avions faits de toile tendue sur des carcasses de bois.

C'était, paraît-il, « La Belle Epoque ». Pas pour tout le monde assurément ! L'ouvrier travaille dix heures par jour sans aucune garantie en cas d'accident. Il ne trouve de repos que le dimanche. La tuberculose fait des ravages dans tous les milieux. C'est la terrible maladie qui frappe les jeunes surtout.

Un témoin rapporte : «  Pour se prémunir contre ce fléau, contre cette maladie qui ravageait des familles entières, on en connaissait qu'une chose : l'huile de foie de morue. Mon père nous forçait à en prendre chaque matin une bonne cuillerée. On ne peut pas figurer comme c'était mauvais. Est-ce cela qui nous a fait du bien ? En tout cas, nous n'avons pas eu, mon frère, ma sœur et moi, la tuberculose ».

Après la guerre 40, on bénéficia de progrès médicaux en particulier de ce médicament américain, le Rimifon, et d'une plus grande connaissance de la maladie.

Oui, dans tous les domaines, ce siècle a été celui qui a connu les plus grands bouleversements. Les siècles précédents donnaient l'illusion d'une stabilité et évoluaient lentement.

Après la guerre 14-18 tout se bouscule : les idées, les fortunes, les habitudes et les institutions, les façons de dire et de vivre, de penser et de créer.

L'homme pensait que l'arrivée des machines allégerait sa peine. C'est vrai. Elles l'ont fait et le font encore. Mais avec des effets qu'on dit pervers. Dans l'industrie automobile par exemple, les robots ont remplacé les O.S. sur les postes les plus pénibles : le soudage ou la peinture des carrosseries. Puis les robots se sont glissés partout : ils travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ne font jamais grève, ne réclament pas d'augmentation. L'automatisation a libéré les équipes, mais elle a supprimé les emplois qui s'y attachaient. Résultat : l'industrie automobile exige désormais des hommes super qualifiés. Que deviennent les autres ? Ils pointent au chômage.

Autre transformation imposée par le XXe siècle : la communion de l'homme avec la nature. Elle a disparu en moins de 50 ans, dans le scintillement bleuté des postes de télévision, dans le tohu-bohu du travail à la chaîne, dans la pollution dégagée par les milliers de voitures bloquées dans les embouteillages. Même les citadins qui veulent retrouver la nature pendant les vacances perdent le bénéfice de la mer, de la montagne ou de la campagne, avec les retours chaotiques, menés par le bout du nez par « Bison Futé ».

A pieds joints dans le siècle

Faut-il parler de progrès ? Les écologistes et les scientifiques s'interrogent. On les voit depuis quelque temps multiplier les appels au secours pour sauver la planète en grand danger de disparaître sous les déchets nucléaires, chimiques et autres pollutions nauséabondes.

Pourtant, ce XXe siècle nous a apporté beaucoup dans le domaine des sciences et des techniques.

Les chercheurs et les savants sont passés du « bidouillage », style Pierre et Marie Curie - des pionniers de premier ordre -, à la découverte assistée par des ordinateurs super-sophistiqués. Les uns et les autres naviguent aujourd'hui, non plus au hasard, mais pilotés par des accélérateurs de particules, des satellites de l'espace, des télescopes monumentaux afin d'ausculter l'espace et des microscopes électroniques pour fouiller l'infiniment petit.

Les progrès de la biologie et de la génétique permettent de vaincre des maladies jugées en 1900 incurables. Elles peuvent même toucher à l'intégrité de l'homme en intervenant dans les mutations et les fécondations artificielles. Pour en arriver au clonage. Attention, danger pour l'homme,et pour l'espèce humaine.

Quant au cosmos, l'homme saute à pieds joints, de la Terre à la Lune, lance des fusées sur Mars et sur Vénus, explore avec la sonde Voyager, les objets les plus lointains du système solaire. Au début du siècle, l'astronome cloué derrière sa lunette, tentait encore de dénombrer les étoiles.

Ce roman consacré aux transformations du siècle, cherche avant tout à maîtriser le vertige qui peut nous saisir face à tant de changements

Comme le disait Mikhaïl Gorbatchev - encore un fameux artisan du changement - auteur involontaire d'un grand chambardement : «  Ce sont les hommes qui font l'histoire mais ils ne savent pas l'histoire qu'ils font ».

Avant de commencer la rédaction de ce « Siècle fantastique », il a fallu, on s'en doute, lire des kilos de documentation, des dizaines et des dizaines de livres, mémoires, souvenirs, trier des milliers de photos, documents d'époque, dessins et publicités.

Parce ce qu'un journaliste consciencieux consulte statistiques et références avant de rédiger son texte, j'ai fait appel à des compétences de tous bords, entendu des témoignages multiples, vérifié telle ou telle affirmation, et fait des emprunts un peu partout.

Attention ! Cette fiction historique n'a pas la prétention de relater les événements de ce siècle. Il a bien fallu sauter tel ou tel fait, éviter de relater chronologiquement les évènements ce qui aurait alourdi le récit sans apporter d'éléments nouveaux. Il faut me pardonner ces omissions volontaires ou involontaires.

Plus que l'Histoire avec un grand H, j'ai voulu, avec la collaboration du plus grand nombre, raconter la vie d'une famille nordiste du XXème siècle, la vie de tous les jours, avec ses joies, ses peines, ses illusions et ses déceptions. Au fil des ans, de 1900 à 2000. Regardez vous dans ce miroir ? Allez-vous vous reconnaître ?