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Lettresanciennes005Dieu a sagement agi en plaçant la naissance avant la mort. Sans cela que saurait-on de  la vie ?

 

Avant 20 ans, j'étais, avec les femmes, d'un romantisme de jeune fille. Mon sentimentalisme frôlait d'ailleurs la sensiblerie.

J'avais des attentions pour quelques-unes de mon âge. J'écrivais des poèmes que je n'envoyais pas. Je rédigeais moult cartes à la Sainte Catherine. Je n'osais pas offrir de bouquets. D'ailleurs je n'en avais pas les moyens.

Cette légèreté allait de pair avec le désir qui taraude chaque jeune homme à ce moment de la vie. Mais je n'y succombais pas, écrasé par les scrupules d'une morale judéo-chrétienne, très stricte et pudibonde sur ces affaires là. La chair était tabou. On ne parlait jamais des femmes, en famille, grivoisement  ou gauloisement.

Les ados de cette époque avaient plutôt tendance à explorer "  le mystère féminin ", en pensée, que de pratiquer  le repos du guerrier.

Comme eux, j'ai connu les émois et les frustrations des adolescents français des années 50 qui n'appartenaient pas à la génération des jeunes hommes ayant en face d'eux, des jeunes filles bénéficiant comme aujourd'hui, des libertés permises par la pilule.

C'est dans ce climat un peu étouffant - même beaucoup - que je me suis lancé dans l'aventure épistolaire pour me défouler.

Elle s'appelait Emilienne mais tout le monde la prénommait Mimi. C'est donc à Mimi que j'ai envoyé ces lettres à l'ancienne. Dix ans nous séparaient. C'était donc une femme. Je l'avais rencontrée à l'Union Française de la Jeunesse qui donnait des cours du soir, gratuitement, aux jeunes désireux de se perfectionner.

Elle cherchait à améliorer son anglais. J'apprenais la sténo et la dactylo pour devenir un journaliste virtuose. Aucun sentiment amoureux ne m'a effleuré pendant les deux années passées à l'UFJ en sa compagnie, trois soirs par semaine de 19 à 21 heures. De son côté, rien non plus, j'en suis persuadé.

C'était une jeune femme sérieuse qui avait vécu, je pense sans en être le confident, une difficile histoire d'amour durant des vacances d'été en Grande -Bretagne.

A sa disparition, cinquante années plus tard, sa fille a retrouvé les lettres que je lui avais envoyées. Des lettres à l'ancienne. Les voici. Elles fleurent bon les temps surannés comme ces sachets de fleurs fanées qu'on dispose dans des coupelles pour en humer les parfums oubliés.

Pourquoi cette fascination pour les choses du passé ?

Pour revivre les élans et les espoirs de la jeunesse sans aucun doute. Pour retrouver les saveurs de la cuisine traditionnelle, les coutumes et les idées d'antan, les choses de naguère et les souvenirs de jadis.

Mon grand père Georges disait toujours : "  C'était mieux autrefois ! C'était à l'ancienne ! ".

Au XXI° siècle, on revient au rétrospectif.. Le passé devient la valeur sûre. On écoute de la musique sur les bons vieux 33 tours. Ces vieux disques : çà gratte peut-être mais c'est merveilleux. Et les films en noir et blanc qui reviennent de temps en temps à la télévision, quel bonheur !

Sacré passé, tu nous enseignes le vrai, le bon, l'authentique, le durable. Comme disent les politiques, pompeusement : "  les vraies valeurs ". Le présent est morne et sans attrait pour beaucoup d'entre nous. Dans une trentaine d'années peut-être sera t-il une valeur sûre. ?

Voilà donc ces "  Lettres à l'ancienne " qui ne se veulent pas être "  les Confessions "  de Jean Jacques Rousseau mais un simple témoignage des pensées et des espoirs d'un jeune puceau.

Ces lettres donnent aussi une bonne photographie des années cinquante du XX° siècle. Elles ont un intérêt documentaire et sociologique. Quand je ne serai plus là, les gens ne viendront pas fleurir l'urne qui contient mes cendres. Mais en deux clics sur ce blog, ils se rendront sur l'espace virtuel d'Internet pour me découvrir. Je leur dirai alors "  Je suis content que vous soyez là. Ca me fait plaisir que vous soyez venus pour me lire. "

La chaîne qui relie les humains restera nouée.