Avis de mariage |
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6 Septembre 1952Ma chère Mimi, Merci pour ta carte de vacances et l’annonce de ton prochain mariage. Tu ne m’avais pas laissé entendre que tes vacances au Tyrol seraient solitaires. Tu es une petite cachottière. En fait, tu étais accompagnée d’un chevalier servant. J’ai hâte de le connaître. Je souhaite de tout cœur que tu ais fait le bon choix.
Je ne possède pas une grande expérience en la matière. Je n’ai pas le temps de me perdre dans des amourettes. Je cours après l’événement, le factuel comme on dit. C’est le métier qui veut çà. Donc pas question de m’attacher, pour le moment, à une demoiselle, si séduisante qu’elle soit. Pour revenir à ton cas, je n’ose pas te donner de conseils. Le mariage est une aventure. Il peut ressembler, en un premier temps, au paradis terrestre. Il peut aussi devenir par la suite un purgatoire. Y a t-il un mariage suprême ? Un proverbe russe dit « Même le meilleur mariage est une pénitence » Pardon pour ces propos pessimistes. Ils reflètent mon état d’esprit, celui d’un vieil homme qui a beaucoup vécu alors que ce n’est pas le cas. Je suis un jouvenceau, peu expérimenté qui pense, à tort ou à raison, qu’une femme désire être le dernier amour d’un homme tandis que celui-ci préfère être le premier amour d’une femme. J’attends ton avis et une photo de vous deux dans les alpages du Tyrol. Pour l’instant je prépare une expédition en Espagne. Je vais profiter d’un congé de 15 jours ( en récupération des jours travaillés 7 jours sur 7 cet été ) pour rejoindre un camarade rencontré au Maroc, qui vit chez ses parents, restaurateurs, non loin de Barcelone. Il a l’intention de tenter un raid Paris-Pékin à moto.
Là-dessus, il surestime mes capacités car je ne vois pas, dans mes relations provinciales, l’industriel ou le mécène qui consentira à m’offrir la centaine de mille francs indispensables. On prête beaucoup d’influence aux journalistes dans ce domaine. Certes, nous côtoyons beaucoup de monde dans ce métier,, des riches et des politiques, des artistes et des gens fortunés. Ils attendent de nous qu’on les mette en valeur, qu’on expose leurs talents et leurs qualités. Mais peu sont enclins à mettre la main au portefeuille. Les publicitaires sont beaucoup mieux placés. Mais sans vouloir les rabaisser, ils ne savent pas disserter avec brio et leur virtuosité vise les phrases choc et les photos flash. Je vais donc mettre tout çà au point avec Alain – c’est son prénom -- dans les prochains jours. Bises. Pierre
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