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Une première cuite Imprimer Envoyer

Le 18 août

Chère Mimi,

Il faut que je m’arrête sinon je risque de t’envoyer un récit à n’en plus finir, qui ne serait pas un roman mais plutôt une litanie des surprises et des émerveillements de ce séjour en Grèce.

Revivre en l’écrivant est un plaisir pour moi. Il n’est pas sûr que ce le soit pour ceux qui le reçoivent, vite lassés par ce panégyrique.

 

C’est comme l’histoire des photos de vacances que l’estivant projette sur un écran, en s’extasiant. Et qui s’aperçoit, en fin de parcours, remettant la lumière, que tout le monde pionçait dès le centième cliché.

Le dernier jour sur le continent grec comportait la visite du cap Sounion. C’est la Côte d’Argent encore plus belle sans doute que la Côte d’Azur. De coquettes villas disparaissent sous les touffes de lauriers-roses et dégringolent vers des criques d’un bleu profond et des promontoires rocheux .

Tout au bout du cap, le temple de Poséidon se détache avec ses huit colonnes de marbre blanc sur l’azur du ciel. Lord Byron a gravé son nom sur l’une des colonnes. C’est un tag de mauvais goût et le geste manque d’élégance. Pour un poète réputé raffiné..

--  Et alors, çà fait huit jours que nous ne nous sommes pas mis à l’eau, gémit Janine qui entraîne toujours derrière elle une section de cœurs meurtris. On se baigne avant de rentrer.

Ce qui fut fait dans l’instant. L’eau était tiède. On se figurait être revenu dans le ventre de notre mère tellement c’était doux. Retour à Athènes dont c’était la dernière soirée. Elle fut marquée, je dois te l’avouer, par une cuite retentissante.

Au restaurant, à six, la bouche sèche par l’eau salée de la mer Egée, pour redevenir humide, exigeait du vin de Samos. Deux bouteilles furent descendues en apéritif. Puis autant de vino krassi pendant le repas .

Cà donnait soif ! une fois levé – difficilement – de table, nous rencontrâmes Dimitri. Je ne sais pas qui connaissait Dimitri mais comme nous étions très gais, nous nous sommes faits  un ami sur le champ. Il s’offrit à nous faire visiter «  Athènes by night. ».

Radar031Après moult excentricités dans le tram, (je demande pardon aux autochtones que j’ai pu froisser ) ,  nous échouâmes à douze, sept filles, quatre garçons plus Dimitri, au «  Green Park », un immense jardin illuminé de globes qui déversaient une lumière laiteuse, très douce et propice aux confidences.

Une foule choisie se prélassait dans l’ombre et la tiédeur du soir en sirotant moult dégustations. Dans le fond un orchestre avec trois guitares, un piano et une chanteuse lançait dans la nuit des accords qui s’en allaient en vagues légères et câlines.

Dimitri connaissait tout le monde, les garçons en tenue, les musiciens, le patron. Il commanda des boissons et «  l’ ouzo » aux glaçons, remplit nos verres. Qu’on vida, bien évidemment, au rythme des danses . Je te laisse à penser dans quel état nous nous trouvions : les filles riaient aux éclats pour un rien, les garçons commençaient à tituber en s’accrochant aux épaules de leurs cavalières.

Bref, il était quatre heures du matin et il fallut penser à rentrer. La nuit fut courte et agitée. Pour refaire la valise, sale boulot, l’esprit se noyait dans la brume. Je dus m’y reprendre à trois fois.

En milieu de matinée nous embarquions sur le « Kolo Kotronis » qui nous ramène à Corfou. Retour épique. Ni couchettes, ni transat disponible, il fallut se rabattre sur le pont arrière, à l’abri du vent.

Les mecs des cuisines chargés de vider les poubelles, calculent mal le déversement. Qui se répandit en partie sur ma pomme. Baigné d’un jus nauséabond et poisseux, ma chemise exhalait un parfum qui ne sentait ni la rose, ni le réséda.

Pierre